Vous vous demandez comment se structure le système politique islandais ? Vous êtes au bon endroit dans ce guide sur l’Islande ! Sur cette page, nous allons vous expliquer les bases de la politique en Islande : fondements historiques, partage du pouvoir entre le gouvernement et le parlement, dates clés… C’est parti !
L’histoire politique de l’Islande
Comme nous l’avons vu sur la page Histoire de notre guide sur l’Islande, ce pays a eu une histoire politique rythmée par des changements majeurs au niveau de la gouvernance du pays.
Aux origines du pays : la colonisation
Entre 874 et 930, le pays a connu aussi bien une forte immigration qu’une colonisation de la part de nombreux colons, dont le roi Harold 1er de Norvège. Mais à cette époque, le pays ne compte que 6 000 habitants ! Chaque colon a imposé des lois différentes, ce qui a engendré un système fissuré et confus au niveau national. L’unification du pays se présente alors comme une évidence pour éviter les guerres entre colons et chefs de clans.
C’est ainsi qu’en 930, l’Etat libre islandais voit le jour ! Le pays se base au départ sur les lois norvégiennes pour créer son propre système politique qui comporte notamment l’Althing, une chambre composée de 36 chefs qui dispose du droit juridique et législatif. C’est le plus ancien parlement d’Europe, c’est dire !
S’en est suivi une longue période de soumission islandaise aux volontés de la Norvège, comme la conversion au christianisme qui a engendré l’adoption de l’alphabet latin et l’introduction de la dîme (impôt général) en 1097 qui a permis d’enrichir l’Église implantée en Islande.
Des conflits internes
Quelques clans détiennent le pouvoir économique et politique en 1200 lorsque le roi norvégien Hakon IV essaie d’étendre son influence en Islande par le biais de quelques vassaux. Ces liaisons du roi créent des tensions entre les clans et finissent par donner lieu à une guerre civile durant laquelle plusieurs chefs islandais sont assassinés. Plusieurs candidats à la gouvernance se succèdent, mais aucun régime ne s’installe véritablement et l’Althing est fortement fragilisé par les conflits entres clans. En 1262, la gouvernance de l’Islande se retrouve entre les mains du roi norvégien qui atteint donc son objectif initial !
Le « Vieux pacte » est signé entre l’Islande et la Norvège en 1262 : ce document indique que le roi norvégien est le souverain de l’Islande et qu’il doit protéger les habitants du pays en échange d’une taxe annuelle. Le fils de Hakon IV, Magnus VI, lui succède au trône en 1263 et rédige des codes de lois propres à l’Islande et qui sont acceptés par l’Althing (quoi qu’à contre cœur…) qui y ajoute ensuite des lois supplémentaires. Le pouvoir législatif est dorénavant partagé entre l’Althing et le roi norvégien, ce qui ne plaît pas beaucoup aux Islandais !
L’Islande et le Danemark : le début d’une nouvelle histoire
Suite au mariage du roi Hakon VI à une princesse danoise, leur fils Oluf devient roi du Danemark et de Norvège après le décès de son père et son grand-père maternel. L’Islande devient ainsi une colonie danoise ! Le pays fait partie de l’Union de Kalmar jusqu’en 1536 avant d’intégrer le royaume du Danemark et de Norvège. Le pays continue d’être soumis à des changements qui le desservent, comme le monopole royal du commerce imposé par le Danemark en 1602, et la Réforme protestante du roi Christian III de Danemark qui appauvrit considérablement le pays qui est contraint de payer des taxes importantes au monarque. L’Althing perd même la majorité de son pouvoir législatif et est aboli en 1800 et remplacé par une Cour Suprême.
C’est en 1809 que les histoires politiques de la France et de l’Islande se croisent enfin ! Alors que les guerres napoléoniennes affectent les échanges maritimes si importants pour l’Islande, une coalition se forme entre Napoléon 1er et le Danemark. Pourtant, en 1809, la souveraineté du Danemark sur l’Islande est abolie par Jørgen Jørgensen, un marin danois qui se proclame commandant en chef du pays auquel il promet la protection de la Grande Bretagne. Cet aventurier est emprisonné seulement deux mois plus tard, mais son initiative a contribué à la naissance de mouvements indépendantistes islandais.
Vers plus d’autonomie
L’Althing est reconstituée en 1847 avec un rôle consultatif pour répondre à la demande islandaise d’avoir une assemblée propre et non seulement des représentants envoyés au Danemark. La révolution française de 1848 a un réel impact sur l’Islande, car le royaume du Danemark se voit contraint de rédiger une constitution… Quelques décennies plus tard, en 1887, on accorde certains droits locaux aux Islandais lors de la mise en place d’une loi constitutionnelle par le Danemark. Le pays gagne petit à petit en autonomie politique, notamment pour les affaires intérieures, ouvre sa première banque nationale en 1885 et obtient le pouvoir exécutif en 1903 avec l’accord de l’Althing ainsi que le Danemark.
En 1918, un référendum vote la séparation des royaumes d’Islande et du Danemark et la mise en place du régime d’ « union personnelle » entre les deux pays, dont la renégociation est prévue pour 1943. Seulement, une fois l’échéance arrivée, le Danemark envahi par l’Allemagne nazie ne peut négocier, et les Islandais prennent donc les choses en main en organisant un référendum. 98,6% des votants approuvent la séparation avec le Danemark et la république est proclamée quelques mois plus tard !
Le premier président islandais, Sveinn Björnsson, assure l’indépendance de la république islandaise vis-à-vis du Danemark, et durant toute la seconde moitié du XXème siècle, de nombreux partis politiques voient le jour, comme le Parti Libéral, le Parti Social-Démocrate ou le Parti du Progrès. Cet éclatement politique donne lieu à un multipartisme politique qui rend l’obtention de la majorité présidentielle difficile !
Le système politique actuel
Suite à la déclaration de l’indépendance et la proclamation de la république, l’Islande a créé son propre système politique. Si vous vous demandez comment il se structure et quelles sont ses spécificités, retrouvez tous les détails ci-dessous.
La Constitution
La constitution actuelle de l’Islande est la Stjórnarskrá lýðveldisins Íslands qui a été votée lors de la déclaration de la république en 1944. Elle a depuis été réformée 7 fois pour redéfinir les circonscriptions islandaises et les conditions pour être candidat à la présidence.
L’acceptation de cette constitution en 1944 fait de l’Islande une république parlementaire.
Le pouvoir exécutif
Selon la constitution islandaise, le pouvoir exécutif est incarné par le président de l’Islande qui est élu par le suffrage universel lors d’un scrutin à un tour organisé en juin ou juillet, pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois. Le président (ou la présidente) peut nommer les membres du gouvernement. En pratique, c’est le Premier Ministre et son gouvernement qui détiennent le pouvoir exécutif.
Un candidat à la présidentielle est élu à partir du moment où il arrive en tête des élections, même sans obtenir la majorité absolue qui est très difficile en Islande à cause des multiples partis politiques qui se présentent aux élections générales.
Le Président ne doit pas faire partie de l’Althing, doit être présenté par au moins 1500 électeurs et ne peut recevoir de rémunération d’une entreprise privée ni d’une institution publique.
Le président islandais s’occupe, entre autres, de la promulgation des lois, la convocation de l’Althing dans les 10 semaines après l’élection générale, la dissolution de l’Althing ou la suspension d’une session de l’Althing, la nomination des ministres, la conclusion de traités avec d’autres pays, la mise en place de lois provisoires en situation d’urgence nationale, la présidence du conseil des ministres…
Selon la section II Article 17 de la Constitution islandaise, le président islandais a également le devoir de nommer le premier ministre qui est à la tête du gouvernement, la Stjórnarráð Íslands.
L’Islande est connue pour avoir élu la première femme présidente du monde en 1980, Vigdis Finnbogadottir, qui a été réélue en 1984, 1988 et 1992 !
Le pouvoir législatif
L’Althing est la seule chambre du Parlement islandais depuis une réforme constitutionnelle de 1991. Il peut être dissous par le président qu’il peut aussi destituer par le biais d’un référendum. Les 63 membres sont élus par le scrutin universel pour 4 ans, au même titre que le président.
Avant 1991, le parlement était bicaméral, selon le modèle du parlement norvégien.
Tout parti politique qui souhaite être représenté au sein de l’Althing doit obtenir plus de 5% des votes populaires lors des élections législatives. Ces élections bénéficient d’un fort engagement de la part des Islandais : 87,7% de la population a voté en 2003 aux élections législatives islandaises, contre 48,71% en France en 2017.
Les sièges de l’Althing ont lieu 4 fois par semaine en moyenne, et les sessions parlementaires annuelles commencent chaque année au 1er octobre et sont précédées par une messe.
L’Althing est notamment chargé de la lecture, l’analyse, l’étude et le vote de projets de lois. Le fonctionnement de ce processus est détaillé ici :
La situation politique actuelle en Islande
Certains ont vu l’élection du président Gudni Johannesson en 2016 comme l’expression d’un ras le bol des Islandais vis-à-vis de leur classe politique. En effet, plusieurs ministres du gouvernement sortant – dont le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson qui a été poussé à la démission – étaient mêlés au scandale des Panama Papers de 2016. Cette découverte a donné lieu à des manifestations de la part du peuple islandais qui appelait à la démission du gouvernement tout entier.
Gudni Johannesson – étant « au-dessus des partis », ni vraiment de droite ni de gauche pendant sa campagne électorale – offrait l’opportunité d’une nouvelle classe politique, moins corrompue. Il est intéressant de noter que Katrín Jakobsdóttir, la première ministre islandaise qui l’accompagne, vient d’un parti écologiste et de gauche, le « Mouvement des verts et de gauche ». Pourtant, elle est aujourd’hui à la tête d’un gouvernement basé sur une coalition entre le Parti du progrès et le Parti de l’indépendance qui sont deux partis de droite. Elle est aujourd’hui la seule femme politique écologiste au monde à la tête d’un gouvernement.
Ce choix peut être perçu comme étonnant, car le président Gudni Johannesson a exprimé la volonté de ne pas réitérer la demande d’entrée de l’Islande à l’Union Européenne à cause des quotas de pêche qui leur seraient imposés. Avec l’écologiste Katrín Jakobsdóttir à la tête du gouvernement islandais, c’est peut-être le vent du changement qui souffle ?