En Islande, régulièrement, des tracés de routes ou des chemins sont modifiés pour éviter un obstacle – colline, rocher, entassement de rochers – dans lequel sont censés résider des individus particuliers. Des médiums, experts, sont parfois consultés pour déterminer si le projet dérange ces personnages.
Les contes et légendes islandais foisonnent de créatures étranges et très diverses. Chaque espèce a ses propres caractéristiques et ses membres sont malicieux ou sournois, minuscules ou immenses, mais toujours invisibles. Le terme générique en islandais pour définir ces êtres est Huldufólk, ce qui signifie “peuple caché” en français. Petit tour d’horizon de ce pan important de la culture islandaise.
Quels sont ces êtres mythologiques ?
Ces drôles de personnages sont bien différents les uns des autres. Petits ou gigantesques, gentils ou malfaisants, ils restent omniprésents. Partons découvrir les plus importants d’entre eux.
L’elfe
L’une des créatures les plus emblématiques des mythes islandais est l’elfe. On différencie parfois les alfes blancs et les alfes noirs, qui seraient des lutins méchants. Cette distinction aurait pour origine le concept du bien et du mal, le terme álfa en islandais est un peu péjoratif. Les elfes symbolisent la nature et résident dans les collines, les rochers, et les petits amoncellements de pierres dans les jardins. Mesurant 8 à 80 centimètres, les elfes blancs sont censés être intelligents, généreux, beaux, menus, facétieux comme des enfants, souvent gentils avec les humains. Mystérieux, ils sont inoffensifs si on ne veut pas leur faire de mal ni les déranger.
Le géant et le troll
Un être mythologique des plus effrayants est sans conteste le géant, appelé Jötuuns. D’une taille bien évidemment supérieure à la normale, ils sont réputés hideux, mais aussi agiles Ils aiment affronter les dieux et les humains. Ils ont pour habitude de s’installer sur les toits des fermes pendant les tempêtes. Ils possèdent une force impressionnante et ont parfois des pouvoirs magiques. Ils symbolisent le chaos.
Dans la mythologie nordique, le tröll est souvent confondu avec le géant. Homologue de nos ogre, il dévore les humains et le bétail. Si un rayon de soleil l’atteint, il se transforme à jamais en pierre.
Le nain
Dans la mythologie nordique, les nains (dvergr en vieux norrois) ne sont pas particulièrement petits : la majorité fait la taille d’un homme adulte. Quatre d’entre eux sont même colossaux, ils portent le ciel. Artisans exceptionnels, ils fabriquent des objets pour les dieux eux-mêmes : le fil de Fenrir (le loup fils de Loki) et le marteau de Thorr (Þórr). Deux d’entre eux ont même inventé l’hydromel
Le revenant
Comme dans d’autres pays, les fantômes hantent certains lieux. Les revenants islandais ont la particularité de captiver des vivants et de les emmener dans l’au-delà, parfois en les appelant par leur prénom. Pour éviter cela, on donne souvent aux filles le prénom Gudrun, car les fantômes ne peuvent pas prononcer le mot Gud, qui signifie “dieu” en islandais.
L’origine de ce peuple caché
Le terme “troll” provient de l’ancien islandais norrois qui signifie, selon Sveinsson, “possédant de la magie ou de sombre pouvoirs”. Ce mot fut utilisé dès le Moyen-Âge en Islande, plus précisément au IXème siècle. Le fondement de ces mythes provient de la rencontre entre le paganisme des Vikings et le christianisme, l’adaptation de cette nouvelle religion avec l’ancienne.
Les sagas islandaises et les divers contes narrent l’Histoire du pays, l’arrivée des Vikings et la colonisation. Ils regorgent de ces créatures invisibles. Même après l’arrivée du christianisme, l’omniprésence et l’importance du peuple caché n’ont jamais faibli.
Les Islandais y croient-ils ?
Rares seront les Islandais à vous avouer qu’ils croient en ces créatures invisibles. Les superstitions ont pourtant la vie dure. Certaines personnes assurent pouvoir les voir et même converser avec elles. On estime que deux Islandais sur trois croit en l’existence du peuple caché ou envisage plausible leur existence.
Une école en Islande a été fondée en 1991 pour étudier ces êtres invisibles. Elle recueille les témoignages de personnes ayant vu des álfar et délivre un diplôme d’« études et recherches sur les elfes et autres peuples invisibles ». Vous avez envie de vous inscrire ?