Vous êtes passionné par les chevaux et plus particulièrement par ceux d’Islande ? Alors, voici sans doute un livre photo fait pour vous. Hestur est un ouvrage que l’on doit à Samy Berkani. Ce dernier a passé deux hivers en Islande avec les chevaux et il a pu les photographier de jour comme de nuit avec les magnifiques paysages qu’offre cette île.
Une véritable ode aux chevaux islandais
Hestur, Cheval en Terre d’Islande, du nom en islandais de ce cheval arrivé dans ce pays quasiment en même temps que les premiers colons. Son histoire et celle des hommes sont donc étroitement liées, et au fil des siècles et de son isolement géographique presque total, le cheval islandais a changé pour devenir serein, rustique et d’une grande beauté.
Ce livre photo de 112 pages, pour 77 photographies, est donc un véritable projet animalier où l’humain est quasiment absent. On y retrouve le cheval durant différentes saisons et on retrace l’histoire de cet équidé.
Hestur est un livre que l’on doit donc à Samy Berkani. Ce passionné d’Islande a choisi de créer cet ouvrage en autoédition pour nous faire découvrir l’Islande et cet animal si particulier. On trouve aussi au début une préface de la photographe islandaise et spécialiste du cheval islandais, Gígja Einarsdóttir.
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Interview de l’auteur Samy Berkani
Fruit d’un travail impressionnant, Hestur est donc une véritable ode au cheval islandais. Découvrez ci-dessous les raisons qui ont poussé cet homme à le créer !
D’où vous vient l’idée de faire un livre photo sur le cheval islandais et pourquoi ?
Le chemin a été long, rien n’a été prémédité.
J’ai d’abord connu le cheval islandais en France, au sein de l’association d’éducation populaire Les Campanettes, en Saône-et-Loire. Je passais pas mal de temps à les observer. Je ne m’étais jamais intéressé aux chevaux, mais ces rocs venus du nord m’intriguaient.
Mon premier voyage en Islande n’avait pas de lien avec cet intérêt pour les chevaux, qui n’était pas assez développé. Mais à mesure que je découvrais l’île, je découvrais la vraie vie du cheval islandais. J’ai commencé à passer un peu de temps avec eux, à réaliser les premières images.
Je n’ai pensé à faire un livre que lorsque je me suis rendu compte que j’avais raconté une histoire. Une histoire qui m’a moi-même fasciné. Ces chevaux m’ont fait rêver.
Une fois que j’ai mis le mot « projet » sur cette histoire, je suis retourné au nord de l’Islande pour consacrer un bout d’hiver aux chevaux islandais. Il me manquait quelques images, notamment des instant de vie dans le blizzard et des images nocturnes, sous les aurores boréales. Cet hiver-là, j’ai passé énormément de temps à les observer. Je sortais en milieu de journée et je passais une bonne partie de mes nuits dehors.
La journée, j’attendais la tempête. La nuit, je scrutais le ciel. Et la chance m’a souri. J’ai vécu des moments extraordinaires durant ce séjour.
De retour en France, j’ai immédiatement commencé à travailler sur le projet de livre, pendant que l’exposition voyageait dans le Jura.
Aujourd’hui, mon livre est sorti et est disponible sur mon site web (Hestur, Cheval en terre d’Islande). Mon travail actuel est de le diffuser le plus largement possible.
Comment et pourquoi êtes-vous devenu photographe animalier ?
Je ne crois pas qu’on décide de devenir photographe animalier. On débute par amour pour la nature, et on glisse, petit à petit, jusqu’à devenir accro à la vie sauvage. A mesure qu’on découvre ce monde devenu invisible à l’humain moderne, on en redemande. Aussi banal que cela puisse paraître, je dirais que c’est la curiosité qui m’anime. L’envie de voir le monde caché par notre activité.
Ce qui est par contre conscient et calculé, c’est la volonté de gagner de l’argent avec la photographie animalière. Là, c’est un choix, et ce n’est pas simple. Il est très difficile de gagner sa vie en tant que photographe animalier. C’est un métier passion qui implique beaucoup de sacrifices, notamment sur ses prétentions salariales. Mais les choses changent. Grâce au succès de quelques photographes animaliers, les portes s’ouvrent, des festivals se créent, l’avenir sera peut être meilleur.
On voit que vous avez de forts liens avec le Jura, pourquoi ? Les paysages peut-être ?
Le Jura est mon pays d’adoption. C’est une France que j’aime beaucoup, de tous points de vue. Evidemment la vie sauvage qu’on y trouve est unique. C’est le pays du lynx et des chats forestiers. On y trouve un peu d’Ecosse, de Canada et de Scandinavie. C’est une région riche en toutes saisons. Je crois que je suis devenu plus chauvin que les jurassiens eux-mêmes (rires).
J’ai vécu mes plus belles années en France dans le Jura. J’ai passé énormément de temps à observer ces brumes d’automne sur les lacs, à photographier les renards qui chassent par -15°C et sillonner les reculées dans l’espoir d’une rencontre avec le lynx.
C’est cette froide contrée de France qui vous a emmené vers l’Islande ?
Je suis né en Kabylie, région montagneuse du nord de l’Algérie. J’ai donc connu la neige assez tôt. Le Jura a été une sorte de sas de décompression. J’y ai appris le grand froid, ses dangers, l’équipement nécessaire… Je continue à attendre l’hiver jurassien avec impatience.
Le froid a toujours été un rêve pour moi. Je m’y sent vivant. Les paysages de glace et de neige m’ont toujours fasciné, certainement pour leur minimalisme. Je ne sais pas si c’est le Jura qui m’a poussé vers l’Islande. Une chose est sûre, ces territoires n’ont de point commun que le froid. Géologiquement, culturellement… ce sont deux mondes totalement différents. En Islande, je ne me sens plus en Europe, même au contact des humains. On passe d’un climat semi-continental et une culture montagnarde, à une île isolée dans l’atlantique nord, avec une culture germanique qui appartient à un passé lointain.
Le Jura m’a plutôt invité à voyager en Scandinavie (Suède et Norvège). L’Islande, elle, est unique.
Combien de fois êtes-vous parti en Islande ? Et où ?
Je vais tous les ans en Islande depuis 2013. Pour le projet Hestur, je suis allé au nord de l’île, non loin d’Akureyri. J’ai passé pas mal de temps dans un ferme, où j’ai pu côtoyer les chevaux islandais au quotidien, mais aussi me familiariser avec la culture de la campagne islandaise. J’aime beaucoup la région de l’ouest d’Akureyri. Vue du ciel, ce sont des sortes de fjords sans eaux. La région du sud de Húsavík est également très intéressante.
Je suis allé un peu partout en Islande, mais je préfère le nord au sud. Une fois que j’ai fait le tour des curiosités du sud, je n’y suis plus retourné, ou juste de passage.
Depuis un an, je me rends dans les Westfjords pour un projet en cours. C’est encore une autre Islande qu’on y découvre. Complètement isolée du reste de l’île. En hiver, la route est souvent coupée, les vols annulés… On sait quand on y va, mais pas vraiment quand on repart.
Qu’est-ce que vous aimez dans ce pays ?
Sa nature évidemment. Sa vie sauvage si discrète et si riche. Y vivre en autonomie est une vraie thérapie pour moi. Certes, passer quelques semaines dehors, avec le froid, et surtout le vent, est rude. Il m’est arrivé de rêver d’un lit et d’une couette au chaud, ou même de verser une larme de douleur, mais les moments vécus me font vite oublier tout ça.
J’aime aussi les Islandais, leur culture, leur mode de réflexion. Ce sont des travailleurs acharnés. J’étais impressionné par leurs journées de travail qui allaient de 6h du matin à minuit. Mais, lorsque le week-end arrive, c’est la fête. La musique a une place très importante dans leur vie. J’ai passé des soirées mémorables à écouter du folk islandais et à rire de leur humour absurde.
Vous vous êtes intéressé au cheval islandais, à la nature et la faune de ce pays, quelle est maintenant votre prochaine étape ?
Je suis déjà dans l’étape suivante. Les projets animaliers prennent tellement de temps qu’on doit anticiper. Pendant que je présente l’exposition et le livre Hestur, je travaille sur un projet consacré aux renards. C’est un travail artistique qui mêle graphisme et évolution des espèces. Je pourrai en parler plus longuement le moment venu. Pour l’instant, je consacre une partie de mes hivers aux Westfjords, où le renard polaire est présent et moins chassé que sur le reste de l’île.
En parallèle, je commence à me pencher sur la faune d’Afrique du nord. Quelques observations de chacals dorés ces derniers mois ont éveillé ma curiosité. La faune locale est très riche mais assez méconnue. J’aimerais y faire quelque chose, mais pour le moment, ce ne sont que des idées très vagues.
Tu nous parles d’une exposition, peux-tu nous la présenter et nous dire où elle se déroule ?
Je présente l’exposition Hestur depuis un an et demi dans le Jura. Elle a pas mal voyagé (Galerie des cordeliers à Lons le Saunier, Marie d’Arbois, salle Gérard Loye aux Rousses, différentes médiathèques …) et continuera de voyager encore une année. Les prochaines échéances sont le caveau des artistes à Saint Claude, la médiathèque d’Orgelet et la Biocoop de Lons le Saunier, à partir de mai 2019.
L’exposition est composée de 12 tirages au format 90cm x 60cm contrecollés sur Dibond, il s’agit de la série Hestur.
De nombreux autre tirages de plus petits formats, de paysages d’Islande, de la faune locale et de chevaux sont également proposés. Et désormais, le livre Hestur va accompagner l’exposition.
J’ai abandonné l’idée d’exposer dans les grandes villes françaises, tant la photographie de nature n’y a pas de place, mais je travaille actuellement à monter une exposition en Islande.
Plus d’informations sur son site : http://www.samyberkani.com/projet-hestur-cheval-en-terre-dislande