À l’occasion de la Journée Internationale du bonheur, le Réseau des solutions pour le développement durable de l’ONU a publié le World Happiness Report 2021. Ce classement place l’Islande à la 4ème position des pays les plus heureux au monde, après la Finlande (à la 1ère place pour la 4ème année consécutive), le Danemark et la Suisse. Mais les autorités islandaises souhaitent améliorer encore plus les conditions de vie de la population. L’Islande teste alors la semaine de 4 jours, la potentielle clé du bonheur.
Le résultat d’un test géant qui a duré 4 ans
Sur l’initiative de la mairie de Reykjavik, deux laboratoires d’idées ont réalisé le test de la semaine de 4 jours en Islande. L’expérience a donc débuté en 2015 et s’est arrêté en 2019 grâce à Association for democracy and sustainabiliity (think tank islandais) et Autonomy (think tank britannique) Et 1% de la population y a participé. Pendant quatre ans, 2 500 Islandais travaillaient seulement quatre jours par semaine à raison de 35h au lieu des 40h habituelles. Durant ce test, leur salaire est resté le même qu’avant.
Plusieurs secteurs d’activité ont pu tester la semaine raccourcie. On peut citer la fonction publique, les écoles, les bureaux et les hôpitaux en sachant que le Covid-19 ne touchait pas encore l’Islande en 2019. En tout cas, les personnes qui y ont participé travaillaient du lundi au jeudi.
Résultat du test : la productivité a augmenté dans la plupart des cas et elle est restée la même dans d’autres. L’absence de constat négatif par rapport à la productivité résulte principalement des réaménagements mis en place exprès pour le test. Les réunions ont par exemple été raccourcies et les tâches inutiles ont été tout simplement supprimées. En réalité, réaménager le travail sans impacter la productivité est possible pour 77% des salariés Islandais. Ceux-ci travaillent en effet dans les services et le secteur tertiaire qui s’adaptent assez facilement aux changements.
La semaine de 4 jours améliore la vie
Les témoignages des salariés ayant participé à ce test sont sans équivoque. La semaine de 4 jours permet de mieux vivre et les personnes testées se sentent tout simplement mieux.
Un participant a par exemple conformé que le respect individuel augmente quand les heures de travail diminuent. Avec moins d’heures à passer au travail, il profite mieux de ses loisirs et de sa famille. Il s’est alors rendu compte que les employés ne sont pas uniquement des travailleurs infatigables qui travaillent toute la journée et qui peuvent inlassablement répéter le même processus du travail – dormir – travail.
Avec 3 jours non travaillés dans la semaine, les salariés ont plus de temps pour leur vie privée. Ils peuvent s’engager dans d’autres activités, que ce soit à la maison ou ailleurs. Avoir plus de temps pour s’occuper de la maison ou des enfants est déjà un immense privilège pour de nombreux employés. Beaucoup ont aussi consacré leur jour de repos supplémentaire au sport.
Un exemple à suivre ?
Le succès de ce test géant est indiscutable et les syndicats islandais sont déjà à pied d’œuvre pour diminuer effectivement le nombre de jours travaillés par semaine sur tout le territoire. D’ailleurs, le processus est déjà en marche et jusqu’à présent, même s’il ne s’agit pas encore de la semaine de 4 jours, 89% des Islandais bénéficient déjà d’une réduction d’heure. Cette réduction concerne autant le secteur public que le secteur privé.
La semaine de 4 jours semble en tout cas intéresser plus d’un pays. En effet, l’Espagne s’engage déjà dans cette réduction des heures de travail et serait en passe d’en arriver à 32h par semaine. En Angleterre, une quarantaine de députés a proposé au mois de mai que le gouvernement se prononce à propos de la semaine de 4 jours. En plus de permettre aux salariés de « mieux vivre », un tel changement aurait un impact écologique positif considérable. En effet, la semaine de 4 jours réduirait l’empreinte carbone du Royaume-Uni de plus de 20%.
Parlons également des changements qui sont en train de se faire en Nouvelle-Zélande. Unilever, le groupe présent dans une centaine de pays et possédant plus de 400 marques à travers le monde, teste la semaine de 4 jours depuis bientôt un an. Le patron de ce multinational propriétaire des marques Magnum, Amora, Maïzena, Dove, Axe et bien d’autres, estime que les méthodes de travail traditionnelles sont maintenant dépassées.
Quoi qu’il en soit, malgré le franc succès de la semaine de 4 jours, toutes les personnes ayant vécu le test n’ont pas forcément adhéré au concept. À cause des changements, certains salariés ont carrément quitté leur travail. Réduire les heures de travail n’a pas non plus été possible pour les cadres dont l’emploi du temps est particulièrement chargé.