Quand l’été arrive, les fermiers Islandais se lancent dans une curieuse chasse, celle du duvet d’eider. Dans une zone spécifique, des centaines de personnes fouillent pour trouver le fameux duvet parce qu’il ne s’agit pas de vulgaires plumes. Le kilo se vend plusieurs milliers d’euro et les couettes et édredons en duvet d’eider sont parmi les plus luxueux et les plus chers du monde.
Cette chasse au trésor se passe dans la baie du Breiðafjörður
Dès que l’été arrive, une tradition millénaire se renouvelle chaque année sur une île de la baie de Breiðafjörður, en Islande. Les fermiers partent par centaines au large de côte ouest de la terre de glace et de feu pour récolter du duvet d’eider. Le fameux duvet est récolté un peu partout, dans les rochers, dans les herbes hautes, etc.
Ce canard polaire appelé eider vient nidifier dans cette région dès le mois de mai. La région peu peuplée sans être complètement déserte convient particulièrement à ce volatile marin aux plumes grises, venu des océans subarctiques. Le duvet d’eider fait partie des fibres naturelles les plus isolantes et les plus chaudes de la planète. Ultra-légère, elle est très plébiscitée pour la fabrication de couettes d’édredons haut de gamme. D’ailleurs, le mot édredon vient justement d’eider.
Entre écologie et économie
Avant d’être une véritable manne économique pour les fermiers et les exportateurs, la nidification de l’eider en Islande est un processus écologique essentiel pour la préservation de cette espèce en voie de disparition.
Tous les ans, plus de 400 fermiers se donnent rendez-vous au même endroit et profitent des bénéfices de ce marché. Plusieurs exportateurs se consacrent également au duvet d’eider. Mais malgré l’engouement des fermiers et des exportateurs, les oiseaux nidifient « en paix » Les femelles font tomber du duvet de leur poitrine pour en tapisser toute la surface du nid. C’est leur manière de l’isoler les œufs du froid durant l’incubation.
Ce précieux duvet est récupéré des nids seulement après le départ de l’oiseau. Personne n’y touche si l’oiseau y couve encore. C’est en tout cas ce qu’a déclaré Erla Fridriksdottir de King Eider, l’un des principaux exportateurs islandais spécialisés dans cette luxueuse plume. Erla Fridriksdottir de préciser également que la clientèle du produit final est en général constituée de personnes amoureuses de la nature et soucieuses de l’environnement.
Ainsi, la nidification de l’eider dans cette localité islandaise n’est pour le moment pas en danger. D’ailleurs, l’eider est une espèce protégée en Islande depuis 1847. La loi en interdit la chasse et l’utilisation des œufs.
Le duvet d’eider : un business très rentable
L’Islande est le premier pays producteur de duvet d’eider au monde. Viennent ensuite le Canada et d’autres pays se trouvant près du pôle Nord. Mais tous ces pays ne peuvent pas en fournir plus de 4 tonnes par an. Et pour cause, pour récolter un kilo de duvet d’eider, il faut près d’une soixantaine de nids. Pourtant, il faudra entre 600gr et 1,6kg du précieux duvet pour fabriquer un seul édredon.
En tout cas, tous les facteurs favorisent la cherté du produit : sa grande douceur, son côté ultra-moelleux, son impressionnante capacité chauffante, sa rareté. De ce fait, le duvet d’eider coûte à partir de 3.000€ le kilo, jusqu’à au-delà de 15.000€. Le prix dépend de la qualité et du grammage de la matière.
Notez que la récolte du duvet d’eider n’est que la première étape de la préparation de la précieuse plume. Une fois récoltée, elle est séchée à l’air libre avant d’être nettoyée pendant 8 h à haute température. Diverses machines le débarrassent de toutes les impuretés provenant du nid et du milieu de départ. Mais le processus se termine entre des mains expertes pour le tri final. À ce stade, jusqu’à 5 h de travail sont nécessaires pour nettoyer manuellement un 1 kg de duvet d’eider.