Kerið

Kerið, que vous pouvez prononcer Kerith, est situé sur un champ de lave de 54km², témoin d’une forte activité éruptive. Au cours de cette période – datée entre 8900 ans et 5500 ans avant notre ère – onze fissures distinctes dans la terre ont eu le temps de produire une multitude de cratères, aujourd’hui regroupés au sein de diverses zones géographiques. Ainsi, Kerið appartient à la zone de Tjarnarholar, vaste de 11,9km².

De petite taille, ce cratère est à la fois le plus jeune… et le plus beau. Âgé de « seulement » 3000 ans, il est de plusieurs millénaires le cadet des formations volcaniques qui l’environnent. Et chose étonnante : si cette splendeur de la nature possède la forme caractéristique des cônes de scories engendrés par une éruption volcanique, elle n’est en réalité pas le résultat d’une explosion ! En fait, elle est en plutôt le résultat de l’effondrement du cône de scories sur lui-même.

Le cratère visible aujourd’hui, profond de 55 mètres, est large de 150 mètres pour 270 mètres de longueur. Il repose sur une ancienne chambre phréato-magmatique qui, vidée à la suite de son éruption, s’est vue comblée de nouveau par l’effondrement du cratère. D’une certaine manière, Kerið est un cratère né d’un cratère et le somptueux lac qui le constitue n’est autre que la nappe phréatique mise à nu, le jeu de séduction de la Nature avec les Hommes.

Ce qui marque au premier regard, c’est la variété des couleurs présentes sur le site. De nombreux endroits façonnés par l’activité volcanique n’ont rien à exprimer que déserts de cendres, roches brûlées, paysages lunaires. Ici, la roche est rouge. Et de cette rougeur incroyable jaillit une végétation verte, jaune, avec des touches de blanc, parfois de noir…

Quant au lac de Kerið, dont la profondeur estimée ne dépasse pas 14 mètres, il s’est imprégné de la minéralité extrême du sol pour se vêtir d’une couleur aigue-marine fascinante pour les yeux, comme pour l’esprit. Ce mélange de couleurs vives confère à l’endroit un aspect véritablement surréaliste. Bien entendu, en hiver, tout cela transparaît moins. Mais la vision de cette fosse gelée, de ce grand bassin calme au centre des inspirations terrestres, lui qui respire dans cette immense nature, et qui vous observe comme vous l’observez… il vous fascinera en toute saison !

En longeant le cratère, vous pourrez constater une portion de la paroi moins abrupte que les autres. Elle est en fait si bien constituée qu’elle forme une pente douce jusqu’à la rive du lac. Vous pourrez alors vous rendre à pieds au bord de l’eau. D’ailleurs, la baignade n’est pas interdite à Kerið. Mais ne comptez pas sur le volcan pour réchauffer le lac, dont la température ne doit pas dépasser les 15°C ! Ceci étant dit, quelle force on doit pouvoir ressentir à se trouver ainsi, parmi les éléments, à l’endroit même où la terre, un jour, recracha ses entrailles dans un mouvement d’une ampleur inimaginable !