Laki et Lakagígar

Perdu dans les hautes terres du Sud de l’Islande, le Laki est comme une meurtrissure géante au milieu de l’île. Il faut s’imaginer que, sur plus de 25 kilomètres, la Terre s’est déchirée pour laisser saigner pendant plusieurs mois des kilomètres cubes de lave, de cendres et de gaz. Son éruption, il y a plus de 200 ans, a causé l’un des plus grands cataclysmes de l’Histoire islandaise, qui a impacté aussi l’Europe pendant plusieurs années. Les Islandais aiment aussi se dire que l’éruption des Lakagígar a causé la Révolution Française de 1789. Partons donc découvrir cette merveille de la nature qui prouve encore une fois que l’Islande est le territoire de tous les contrastes, entre glace et feu, désert de cendres et prairie, coulées de lave et étendues d’eau…

Cratères du Laki
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5h

Note du site

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Note du « Guide Vert »

Un peu de culture…

Le Lakagígar, signifiant littéralement en français « les cratères du Laki », est donc une zone de fissure ou rift située entre les glaciers de Mýrdalsjökull et Vatnajökull avec une orientation sud-ouest à nord-est. Cette zone volcanique s’étale sur 27 km, on y trouve pas moins de 115 cratères de 40 à 70 mètres qui sont alignés. Ces derniers ont émis 14 km3 de lave basaltique, qui ont donné l’Eldhraun, tout comme une quantité impressionnante d’acide fluorhydrique et du dioxyde de soufre. L’éruption du Laki, qui commença en juin 1783 et dura presque un an pour se finir en février 1784, est aujourd’hui considérée comme la deuxième éruption des temps historiques derrière une autre éruption islandaise, celle de l’Eldgja (faisant partie du même système volcanique), qui a eu lieu au Xe siècle.

Champ de mousse du Laki

Le déroulement de l’éruption

Le 8 juin 1783, une fissure volcanique s’ouvre d’une manière violente sur 27 kilomètres avec une série d’explosions volcaniques. Le magna remonte et rencontre alors de l’eau, et a tendance à devenir beaucoup plus explosif en passant par différents stades : phréatique, strombolien, pour finir à un mode hawaïen avec de la lave beaucoup plus effusive. En effet, en huit mois, l’éruption va produire entre 14 et 15 km3 de lave, qui vont se déverser via deux grandes coulées de lave de 60 km pour 565 km2 (!) dans un endroit que l’on appelle aujourd’hui Eldhraun. En plus de la lave, cet ensemble volcanique a éjecté un volume total d’ejecta de 0,91 km3, qui recouvra plus de 8000 565 km2 de terre en Islande. Au niveau des gaz, on estime que le Laki a émis 8 millions de tonnes de fluor, 24,5 millions de tonnes de souffre, 20 millions de tonnes de gaz carbonique et 120 millions de tonnes de dioxyde de soufre !

Appelée par les habitants de l’île Skaftáreldar (« feux de la Skaftá »), la coulée a, durant l’année 1783, atteint le village Kirkjubæjarklaustur par deux endroits. Les coulées s’arrêtent alors seulement à quelques mètres de l’église grâce, selon la légende, à un sermon du prêtre local Jón Steingrímsson.

L’éruption très importante en terme de lave aurait produit un débit de 2200 m3 par seconde, soit l’équivalent du débit du Rhin moyen avant son delta (!). Dans les premiers jours de l’éruption, des fontaines de lave de plusieurs centaines de mètres de haut se sont formées, puis peu à peu la lave devient plus effusive et fluide. Le gros de l’activité va se faire pendant les 5 premiers mois, puis elle va diminuer petit à petit pour s’arrêter le 7 février 1784. Le volcan Grímsvötn, qui est relié au système volcanique du Laki, est lui aussi en éruption entre 1783 et le 26 mai 1785.

Fissure du Laki

Les conséquences en Islande et dans le reste du monde

Même si son indice d’explosivité ne fut que de 4 (sur 8), l’éruption des cratères du Laki a eu des conséquences climatiques, écologiques et humaines désastreuses sur l’Islande et l’Europe, mais aussi dans le reste du monde. Pendant 8 mois, les gaz sulfuriques toxiques pour les hommes et les animaux, ainsi que la cendre, vont alors empoisonner le bétail et abîmer les récoltes, ce qui provoquera une grosse famine désastreuse. Ce phénomène est connu comme la pire catastrophe naturelle du pays, appelée la Móðuharðindin, et elle va provoquer la mort de la moitié des bovins, et 75% des ovins et chevaux. L’éruption des Lakagígar va provoqué la mort de 9 336 personnes, sans ressource alimentaire, soit 21 à 25% de la population islandaise et pousser de nombreux Islandais à fuir le pays.

Outre ces conséquences désastreuses pour l’Islande, cette éruption a aussi impacté l’Europe à cause des modifications de gaz. En effet, un brouillard s’abattit sur l’Europe et il provoqua des dizaines de milliers de morts à travers l’Europe en quelques mois. La météo joua un grand rôle, car un anticyclone s’installa sur l’Islande, ce qui mit en place un courant de sud-est sur l’Europe provoquant un temps très chaud pendant l’été. Seulement quelques jours plus tard, le nuage de gaz et cendres arrive en Norvège puis, le 17 juin, il est à Prague, le 18 juin à Berlin, le 20 juin à Paris et le 23 juin au Royaume Uni. On observe alors de magnifiques couchers de soleil rougeoyants !

Route vers le Laki F206

Après un été chaud et orageux à cause du brouillard du Laki, l’automne apporte avec lui une fraîcheur anormale, et l’hiver qui suit est très froid avec plusieurs dizaines de jours de gel consécutif dans de nombreuses régions d’Europe. Le printemps et les saisons suivantes furent maussades, des hivers trop pluvieux et trop froids, des étés parfois trop chauds. Dès 1784, la disette apparaît dans de nombreux pays d’Europe et elle dure plusieurs années suite au refroidissement climatique due à l’éruption du Laki. C’est pour cela qu’on estime qu’elle fut le ferment de la Révolution Française quelques années plus tard !

Dans le reste du monde, l’hiver 1783-1784 est l’un des plus froids en Amérique du Nord, avec des tempêtes de neige à répétition et même de la glace à la Nouvelle-Orléans ! Les moussons indiennes et africaines furent aussi impactées, provoquant là-aussi sécheresse ou inondation.

Pour faire un petit résumé, l’éruption du Laki a :

  • produit une baisse de températures moyenne terrestre estimée de 4,5 °C
  • provoqué 10 000 morts en Islande et plusieurs dizaines de milliers de morts en Europe
  • provoqué de nombreuses famines

Petite visite

Se rendre au Laki, c’est découvrir un paysage d’une rare beauté et étrange. En effet, on n’y trouve pas un volcan, mais un ensemble de cratères alignés sur 27 km qui, lors de leur création ont impacté, l’Islande, l’Europe et même le monde. Cependant, avant d’arriver sur place, il faudra avoir un tout-terrain (plus d’informations pour louer un 4×4 en Islande) et prendre son temps, car la route qui mène au Lakagígar est longue et dans certains secteurs assez rudes.

Cette zone volcanique commence donc quelques kilomètres plus loin après la cascade de Fagrifoss, mais il faudra d’abord traverser quelques rivières (5 gués au total), des steppes herbeuses et surtout des vastes zones de cendres noires. La route se sépare en deux à un moment et il est préférable de commencer par la zone indiquée par le panneau Laki même si ,comme il s’agit de la boucle du Laki, il est donc possible de passer par l’autre côté. Cependant, la véritable visite ne commence pas là mais au moment où vous allez entrer dans le Parc National du Vatnajökull dont font partie les Lakagígar. A l’entrée, se trouve un panneau informatif et surtout on peut admirer la fissure, sur une bonne partie de sa longueur, entourée par des champs de mousse (les anciennes coulées de lave).

La route va alors descendre et pénétrer dans ces dernières. Vous apercevrez des rochers aux formes étranges recouverts d’une mousse vert-gris, ainsi que quelques petites bouches éruptives d’où sont sorties ces tonnes de magma…

Bouche éruptive du Laki

La montée du Laki

La première véritable étape se passe donc directement sur le principal volcan du rift qui a donné son nom au lieu, le Laki. Arrivé juste en bas, où se trouvent une cabane de ranger, des toilettes et des tables de camping, il vous est possible de monter tout en haut des 818 mètres de la montagne via une randonnée de difficulté moyenne d’une heure et demie. Le dénivelé est certes important (300 mètres), mais l’effort en vaut largement la chandelle, car du sommet vous aurez une vue 360° sur les 27 kilomètres du Lakagígar, avec au nord l’imposant glacier du Vatnajökull et à l’ouest et à l’est les champs de mousse de l’Eldhraun.

En redescendant, vous pourrez prendre un autre petit parcours de seulement 20 minutes qui permet de rentrer au cœur d’une bouche éruptive, ce qui est vraiment impressionnant. Vous pourrez demander plus d’informations aux rangers près de la cabane, ils vous renseigneront sans mal.

La piste F207

La boucle du Laki est la piste F207, elle vaut le détour à elle seule tant la variété et la beauté des paysages que l’on traverse sont impressionnantes. Après la montée du volcan, vous reprenez votre voiture qui va alors passer entre différents cratères pour ensuite s’éloigner un peu de la fissure pour traverser des déserts de cendres au nord-ouest de celle-ci. Vous apercevez alors à votre gauche un grand lac d’un bleu profond, le Lambavatn. Il est possible de faire un petit détour de quelques centaines de mètres pour marcher sur les bords du lac.

De retour sur la F207, on contourne la chaîne dans des paysages exceptionnels entre cendre noire et cratères mousseux. La route revient alors vers la chaîne et vous arrivez à l’autre grande étape de cette zone.

Laki et lac de Lambavatn

Le lac cratère de Tjarnargigur

De la route, on aperçoit une autre cabane de ranger et c’est donc l’occasion de s’y arrêter. Un panneau indicatif nous montre alors qu’à seulement 10 minutes de marche se trouve le lac cratère de Tjarnargigur, un lac de toute beauté se trouvant au centre d’un cratère aux parois vertes de mousse. Tout autour, on trouve le magnifique champ de lave qu’il est possible de parcourir à pied sur un beau sentier.

La fin de la boucle

Il faut ensuite reprendre la route pour traverser un joli gué, puis un superbe champ de mousse. Il est possible aussi de voir l’intérieur une bouche éruptive grâce à un petit escalier que l’on trouve sur le côté de la route F207. La piste rejoint ensuite la F206 et il est temps de rentrer vers la route 1…

L’accès au Lakagígar

Pour accéder à ce spectaculaire alignement de cratères, il vous faudra disposer d’un 4×4 de taille assez importante pour affronter une piste caillouteuse avec un certain nombre de gués (5), dont certains peuvent être assez gros. En partant de Fjaðrárgljúfur, la route 206 se transforme en piste F206 et vous aurez deux gués à traverser, le premier étant assez simple, mais le second est plus profond et, selon la météo, il peut être un peu difficile à passer. Au total, vous aurez un peu plus de 10 km de piste sur la F206 et 17 km depuis la route 1.

Coordonnées GPS :

64° 07′04″ N
18° 23′78″ O

Infos pratiques sur le Laki

  • Prix : Gratuit
  • Horaire : Site naturel faisant partie du Parc National du Vatnajökull, il est ouvert lorsque la piste est en état, entre juin et septembre.
  • Durée : une demi-journée si vous souhaitez profiter de la zone, une journée complète en comptant la route et les sites annexes.

Activités à proximité

  • Randonnée dans la région du Laki

Autour du Laki

  • Situé à l’entrée de la route du Laki, les gorges de Fjaðrárgljúfur sont parmi les plus spectaculaires d’Islande et ressemble à un chaos
  • Cette puissante cascade appelée Fagrifoss se situe sur la piste du Laki et elle fait une bonne étape
  • Le long de la route 1, entre Kirkjubæjarklaustur et Skaftafell, ce trouve la jolie et fine chute de Foss á Siðu
  • Lié à l’éruption des Lakigar, le champ de mousse d’Eldhraun est assez étonnant
  • Cette immense faille volcanique appelée Eldgjá est aujourd’hui l’un des joyaux de la région de Landmannalaugar
  • Seul village sur plusieurs centaines de kilomètre, Kirkjubæjarklaustur est une étape idéale et dispose de quelques sites intéressants

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